Si Katharine Hepburn est indĂ©niablement une star de cinĂ©ma, on connaĂźt moins sa carriĂšre de comĂ©dienne et la façon dont le théùtre de Broadway a nourri ses rĂŽles Ă lâĂ©cran. Les traits quâon lui associe â modĂšle dâĂ©mancipation fĂ©minine, hĂ©roĂŻne archĂ©typale des comĂ©dies hollywoodiennes, icĂŽne yankee â dissimulent une construction complexe. Hepburn incarne par excellence les paradoxes des Ă©changes entre la scĂšne et lâĂ©cran. Elle reprĂ©sente une troisiĂšme voie dans le jeu dâacteur, entre la neutralitĂ© ou lâunderplaying hollywoodien et lâĂ©cole de lâActors Studio, qui se rattache Ă un hĂ©ritage indirect duparadoxe sur le comĂ©dien dĂ©fini par Diderot...

Michel Foucaultâs work on film, although not extensive, compellingly illustrates the power of bringing his unique vision to bear on the subject and offers valuable insights into other aspects of his thought. "Foucault at the Movies" brings together all of Foucaultâs commentary on film, some of it available for the first time in English, along with important contemporary analysis and further extensions of this work.

Une rĂ©flexion sur le geste au cinĂ©ma se trouve confrontĂ©e dâemblĂ©e Ă un double sens. Le geste nâest-il pas un matĂ©riau privilĂ©giĂ© du cinĂ©ma considĂ©rĂ©, Ă la fois, comme enregistrement du rĂ©el et art de la mise en scĂšne ? Le geste Ă lâĂ©cran ne renvoie-t-il pas Ă la fois Ă ce qui a Ă©tĂ© filmĂ© et Ă sa transformation par les moyens filmiques ? Une telle interrogation implique aussi la considĂ©ration de diffĂ©rentes temporalitĂ©s : saisi par la machine dâenregistrement cinĂ©matographique, le geste a constituĂ© â et peut encore constituerâ une sorte de mĂ©moire de lâhumanitĂ©. »

Plus quâaucun autre genre cinĂ©matographique amĂ©ricain, la comĂ©die musicale de lâĂąge dâor hollywoodien dĂ©pend de la prĂ©sence et parfois du nombre de stars Ă lâaffiche : si ces personnalitĂ©s rĂ©pondent aux exigences du star system, leurs indispensables compĂ©tences en danse et/ou en chant leur donnent aussi une place Ă part dans un modĂšle reposant principalement sur lâimage. Cet ouvrage examine ce qui fait le propre des vedettes du musical amĂ©ricain Ă partir des annĂ©es 1930 : leurs performances, en particulier en solo, qui rĂ©vĂšlent aussi la façon dont la comĂ©die musicale cinĂ©matographique interagit avec les cultures savante et populaire.

Si le rire procĂšde de dĂ©sordres, lâart comique relĂšve dâordonnancements et dâagencements. Buster Keaton en fut le grand maĂźtre, avec ses enchaĂźnements de gags rĂ©glĂ©s comme du papier Ă musique, tant scĂ©naristiquement que visuellement. "FiancĂ©es en folie" (Seven Chances, 1925) lâatteste de forte et rĂ©jouissante façon. Lâauteur le fait valoir, en suivant le fil du film, au plus prĂšs de ses effets visuels, tout en convoquant au passage plusieurs autres opus keatoniens. Apparaissent ainsi en chemin, peu connus, divers ingrĂ©dients et ressorts formels du comique... Pour autant, la prĂ©cision de lâanalyse, faisant Ă©cho Ă celle du film, nâenlĂšve rien Ă la drĂŽlerie de lâoeuvre.

Ingmar Bergman rĂ©alise Sarabande Ă quatre-vingt six ans alors quâil pensait en avoir fini avec le cinĂ©ma. Ce tournage apparaĂźt comme la seule issue aux tourments qui sâemparent de lui en cette fin de vie. Le cinĂ©aste y pose la question du dialogue avec les morts : la rĂ©ponse tient ici Ă lâutilisation de la photographie. Ainsi, place-t-il au cĆur de son film le portrait dâune dĂ©funte : câest paradoxalement cette image fixe qui va mettre en mouvement les personnages, et provoquer leur dĂ©placement. La sarabande nâest-elle pas dâabord une danse ? Ultime et subtil renversement dâun cinĂ©ma quâon pensait hantĂ© par la mort.

La « cinĂ©fable » ne se loge dans aucun plan ou aucun son dâun film en particulier, elle les irrigue tous et se projette dans la salle obscure. En ce sens, elle se tient Ă lâopposĂ© du scĂ©nario, ce texte qui se trouve, lui, en amont dâun film et qui en est lâoutil. Il ne sâagit donc pas ici de donner des recettes pour Ă©crire un scĂ©nario ni une bonne histoire. Pourtant le but de cet anti-manuel nâest en dĂ©finitive pas thĂ©orique. Il vise Ă faire entrer le lecteur â Ă©tudiant, scĂ©nariste ou cinĂ©aste â dans lâĂ©tat dâeffervescence qui prĂ©lude Ă toute crĂ©ation dans le champ de la fiction cinĂ©matographique...

PoĂšte, romancier, essayiste, polĂ©miste et cinĂ©aste, Pasolini tĂ©moignait volontiers dans ses entretiens de « sa vocation pour le pastiche ». En plongeant aux origines critiques et poĂ©tiques du pastiche pasolinien, cet ouvrage offre une clĂ© dâanalyse de la crĂ©ation pasolinienne tout en Ă©clairant des notions aussi complexes que fameuses que sont le « cinĂ©ma de poĂ©sie » ou « la subjective libre ». Lâouvrage est composĂ© de deux parties, lâune thĂ©orique tissant des liens entre la notion de pastiche et le concept du Discours indirect libre forgĂ© par Pasolini, lâautre faisant le lien avec la pratique artistique pasolinienne et sâappuyant plus particuliĂšrement sur le film, La Ricotta.

LâĆuvre du cinĂ©aste Morgan Fisher est aujourdâhui en voie dâobtenir le succĂšs quâelle mĂ©rite, mais la place originale quâelle occupe â Ă lâintersection du cinĂ©ma avec la peinture, lâinstallation, lâarchitecture, la vidĂ©o, le dessin et la photographie â reste Ă explorer, tout comme son impact sur de nouvelles gĂ©nĂ©rations dâartistes. Principalement ancrĂ© dans la filmographie de Fisher, ce recueil envisage celle-ci en rapport avec les nombreux autres travaux de lâartiste, souvent rĂ©cents, qui en Ă©tendent et recomposent le paysage...

Pour cĂ©lĂ©brer le 50e numĂ©ro de Trafic, nous avions posĂ© Ă un grand nombre de contributeurs une question aussi vaste quâinĂ©puisable : « Quâest-ce que le cinĂ©ma ? » Pour fĂȘter nos vingt ans, le numĂ©ro 80 Ă©tait composĂ© de vingt textes consacrĂ©s Ă vingt films rĂ©alisĂ©s depuis la crĂ©ation de la revue. Ă lâoccasion de cette 100e livraison, nous avons proposĂ© aux auteurs dâĂ©crire non pas sur un film mais sur un texte ou un ouvrage consacrĂ© au cinĂ©ma (ou dont le cinĂ©ma nâest pas lâobjet mais qui peut ĂȘtre lu dâun point de vue cinĂ©matographique).