Antonio de Curtis (1898-1967) dit « TotĂČ Â» est considĂ©rĂ© comme lâun des plus grands acteurs du XXe siĂšcle, aussi bien au cinĂ©ma quâau thĂ©Ăątre : figure comique, burlesque, grotesque, provocatrice, mais aussi lĂ©gĂšre et parfois sublime. Cet ouvrage sâappuie sur des Ă©lĂ©ments anthropologiques et historiques afin dâanalyser le phĂ©nomĂšne TotĂČ dans toutes ces dimensions. Par une observation minutieuse des origines de lâacteur, nĂ© Ă Naples, et de ses rĂŽles spĂ©cifiquement liĂ©s Ă la culture napolitaine, toute la richesse de son jeu et de sa gestuelle est Ă©clairĂ©e : lâĂ©lĂ©ment carnavalesque, lâutilisation du comique, de lâironie et de la dĂ©rision.
Projet paradoxal, RaĂșl Ruiz. Potencias de lo mĂșltiple est une vaste compilation de petits essais - Ă raison d'un par film - qui oscillent entre rigueur acadĂ©mique et flĂąnerie spĂ©culative, avec la critique comme juste mesure. Il s'agit, en somme, de se concentrer sur les formats plus modestes et expĂ©rimentaux du cinĂ©ma ruizien, plaidant pour la pluralitĂ©, entre les deux extrĂȘmes que sont le cinĂ©ma d'enquĂȘte et le cinĂ©ma chamanique.
Dans la masse des images qui nous entourent, certaines possĂšdent une force politique propre. Elles ont la facultĂ© de tĂ©moigner dâune situation ou dâun Ă©vĂ©nement et dâen rĂ©vĂ©ler la signification singuliĂšre. Elles peuvent Ă©galement incarner le fantasme dâhĂ©gĂ©monie visuelle dâun pouvoir qui souhaite sâopposer Ă des images concurrentes ou critiques. Du conflit israĂ©lo-palestinien au mouvement SolidarnoĆÄ en Pologne, des formes de visibilitĂ© propres aux Ătats-Unis entre omniprĂ©sence mĂ©diatique de Donald Trump, sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es et vidĂ©os de violence policiĂšre, jusquâaux terrains de guerre et ceux oĂč sĂ©vit le dĂ©rĂšglement climatique partout dans le monde, cet ouvrage pluridisciplinaire entend mettre au jour la puissance politique des images.
Ă ce jour, aucun ouvrage nâa Ă©tĂ© consacrĂ© aux liens Ă©troits quâentretient Jacques RanciĂšre avec le cinĂ©ma. Cet essai aimerait combler ce manque. Dans la masse abondante des textes que le philosophe a dĂ©diĂ©s aux images en mouvement â livres monographiques, articles rassemblĂ©s en recueil, recensions de ïŹlm dispersĂ©es dans des revues, interviews â, Dork Zabunyan propose un parcours raisonnĂ© qui montre comment la pensĂ©e de RanciĂšre nous permet dâexplorer en retour les relations convulsives entre le septiĂšme art et dâautres rĂ©gimes dâimages (tĂ©lĂ©vision, internet, mĂ©dias sociauxâŠ). En traversant le western, le documentaire, la comĂ©die musicale ou encore la ïŹction historique, RanciĂšre tisse la toile dâun « monde des images » moins prĂ©occupĂ© par la puretĂ© du mĂ©dium cinĂ©matographique que par lâactualitĂ© de sa puissance de crĂ©ation.
Quâest-ce quâune Ă©quipe de film? Comment des individus parviennent-ils Ă collaborer, afin de crĂ©er ensemble? Cet ouvrage observe lâĂ©quipe de film au travail, en adoptant des Ă©chelles dâobservation diverses: du gros plan â Ă hauteur dâindividu, parfois sur un geste ou une parole Ă©changĂ©e â, au plan moyen, celui du collectif de lâĂ©quipe de film, jusquâau plan panoramique â au niveau de lâĂ©laboration et de la standardisation, voire de la recomposition, des modĂšles de production. Embrassant une vaste pĂ©riode, des annĂ©es 1920 Ă nos jours, et couvrant des espaces divers (Europe, Etats-Unis, Union SoviĂ©tique, Inde), il se penche sur des configurations industrielles et artistiques variĂ©es, mais dont chacune met en Ă©vidence un collectif de cinĂ©ma pluriel. Ainsi abordĂ©e par ce prisme de lâĂ©quipe, la crĂ©ation cinĂ©matographique se lit comme lâart de la conciliation dâenjeux financiers, dâaspirations esthĂ©tiques et dâĂ©quipements technologiques au service dâun projet commun.
AprĂšs trente ans et 120 numĂ©ros, Trafic, « Revue de cinĂ©ma », soutenue par son fidĂšle Ă©diteur, P.O.L, a cĂ©dĂ© au dĂ©sir de faire peau neuve. AnimĂ© par une Ă©quipe trĂšs largement renouvelĂ©e (Raymond Bellour, Bernard Benoliel, Christa BlĂŒmlinger, Jean-Paul Fargier, Judith Revault dâAllonnes, et son secrĂ©taire de rĂ©daction Jean-Luc Mengus-Peyle), Trafic, « Almanach de cinĂ©ma », paraĂźtra dĂ©sormais une fois lâan sous la forme dâun important volume collectif.
Ce livre rĂ©unit un ensemble de textes publiĂ©s au fil dâune vingtaine dâannĂ©es, dessinant la carte dâune vision critique de lâĆuvre de Harun Farocki. Suivant une rĂ©flexion double (cinĂ©ma/musĂ©e), cet ensemble de textes nâoppose pas des cultures ou des dispositifs de projection, suggĂ©rant plutĂŽt lâidĂ©e que Farocki avait fini par choisir le musĂ©e en tant quâespace « autre », site et laboratoire dâun cinĂ©ma quâil nâavait jamais arrĂȘtĂ© de considĂ©rer comme un art de la mĂ©moire, et comme un art des possibles.
Temps qui passe. Temps qui sâarrĂȘte. Temps qui fuit, qui sâenfuit. Qui revient. Ă la recherche du temps. Câest ce que MĂ©lanie Forret cherche Ă chaque page de cet ouvrage. Guy Gilles, qui, nâayant connu quâun succĂšs « confidentiel » de son vivant, jouit depuis quelques annĂ©es, dâun regain dâintĂ©rĂȘt. CinĂ©aste à « contretemps » Guy Gilles ? Ă contretemps du cinĂ©ma de son Ă©poque ? Ă contretemps de son temps ? Ă contretemps du temps. Du temps qui passe.
« Ăcrire la ville au cinĂ©ma » propose de renouveler notre regard sur les reprĂ©sentations de la ville au cinĂ©ma Ă travers plusieurs entrĂ©es dans le maillage cinĂ©matographique et urbain. Chaque proposition entre dans un jeu dâimbrications et de dĂ©placements des termes, des pĂ©riodes et des formes. Les textes prĂ©sentĂ©s convoquent ici diffĂ©rentes approches et Ă©critures, venant dâartistes, de cinĂ©astes, dâuniversitaires, en portant une attention Ă un regard fĂ©minin sur la ville lĂ oĂč trĂšs souvent le regard masculin domine.