Ce diagnostic, qui semble une évidence pour les signataires, n’est pas partagé par l’ensemble du monde universitaire. Certains collègues considèrent en effet l’enseignement de la pratique comme secondaire, les approches théoriques devant, selon eux, être seules recevables à l’université. D’autres, rejetant l’idée d’une recherche à double versant, nient toute crédibilité académique à des masters – et a fortiori à des thèses – qui se présentent sous la forme d’un texte et d’une réalisation filmique. A cela s’ajoute une double injonction contradictoire du Ministère de l’enseignement supérieur qui veut d’une part rendre les formations professionnalisantes, mais d’autre part, rend d’année en année plus difficile l’embauche de cinéastes et professionnels du cinéma et de l’audiovisuel dans les universités. Face à ces difficultés, plusieurs formations ont décidé de se rapprocher pour réfléchir aux questions posées par l’enseignement de la pratique cinématographique à l’université et d’autre part, pour renforcer leur position stratégique en associant leurs démarches.

La première étape a été la publication d’un ouvrage collectif, codirigé par Serge Le Péron et Frédéric Sojcher, intitulé Cinéma à l’université, le regard et le geste (Paris : Les impressions nouvelles, 2020, 466p.) auquel ont contribué des enseignants-chercheurs de plusieurs formations françaises. 

Mais il nous a semblé que nous ne devions pas nous arrêter là et qu’il fallait poursuivre à la fois la réflexion autour des questions posées par l’enseignement de la pratique cinématographique à l’université et à défendre une reconnaissance plus importante de ces approches au croisement entre recherche et création au sein de l’université française. 

Les Assises de l’enseignement du cinéma à l’université incluant la pratique et la création sont organisées par trois institutions : l’Université Paris 8, l’Université Paris 1 et l’ENSAV (École Nationale Supérieure d‘AudioVisuel) de Toulouse. Le comité scientifique de cet événement, composé de Jean-Louis Dufour (ENSAV), Frédéric Sojcher (Paris 1), Serge Le Péron, Dominique Willoughby et Eugénie Zvonkine (Paris 8), a ébauché le programme de l’événement, dont les participants restent pour partie encore à confirmer. 

Le but est ainsi de sortir de ces Assises qui se tiennent à Toulouse, à l’ENSAV, avec une liste de revendications précises, mais également avec une cartographie du réseau des formations pratiques du cinéma et de l’audiovisuel en France.