Le scĂ©nario "Il est difficle dâĂȘtre un dieu", Ă©crit en 1968 par Arkadi et Boris Strougatski et AlexeĂŻ Guerman, est un bel exemple de la tradition du scĂ©nario littĂ©raire soviĂ©tique et un objet fascinant qui marque le dĂ©but de lâhistoire de la fabrication dâun film, laquelle va sâĂ©tendre sur plus dâun demi-siĂšcle. Lâaction se situe sur une planĂšte imaginaire, au pays dâArkanar qui rappelle fortement notre Moyen-Ăge sur Terre. Avec une puissance littĂ©raire en mĂȘme temps quâimagĂ©e, est dĂ©peinte lâinsinuation du Mal dans un esprit Ă©levĂ©, la contamination de celui-ci par le milieu violent dans lequel il se trouve plongĂ©...
"Regardez attentivement les rĂȘves" de Kira Mouratova et Vladimir Zouev fait partie des scĂ©narios soviĂ©tiques restĂ©s lettre morte Ă la fin des annĂ©es soixante, Ă©poque Ă laquelle la censure se renforçait en mĂȘme temps que grandissait la mĂ©fiance devant tout projet tendant Ă sortir des normes. Il nous semble que ces textes doivent ĂȘtre aujourdâhui exhumĂ©s, tant ils font partie de plein droit de lâhistoire du cinĂ©ma soviĂ©tique. Le scĂ©nario qui Ă©voque explicitement La Porte dans le mur dâHerbert G. Wells, raconte lâhistoire dâAnia, une peintre dĂ©chirĂ©e entre, dâune part, son dĂ©sir de se consacrer pleinement Ă son art, et de lâautre, les soucis quotidiens mais aussi son amour pour ses proches.
Une rĂ©flexion collective et transdisciplinaire sur la notion de distraction, pensĂ©e Ă la fois comme le stigmate de nos sociĂ©tĂ©s et comme son antidote. Notion souvent dĂ©valorisĂ©e ou fustigĂ©e, la distraction renvoie autant Ă certaines modalitĂ©s de lâattention (flottante, incidente, mobileâŠ) quâaux formes sensibles associĂ©es Ă la culture de masse. La distraction est plus ambivalente que sa dĂ©nonciation ou sa synonymie avec le terme de divertissement ne le laissent supposer...
La TĂŽei DĂŽga, fondĂ©e en 1956 et aujourdâhui nommĂ© TĂŽei Animation, est dans lâaprĂšs-guerre lâun des plus importants studios dâanimation japonais, lieu de formation privilĂ©giĂ© aux mĂ©tiers de lâanimation et de lâĂ©mergence de lâanime. Son directeur Hiroshi Ăkawa qui veut en faire le « Disney de lâOrient », oriente sa production vers le long mĂ©trage pour le cinĂ©ma, une gageure pour une industrie de lâanimation naissante. (...) Cet ouvrage explore lâhistoire de cette structure depuis les mois qui prĂ©cĂšdent sa crĂ©ation jusquâĂ la disparition de son directeur historique, en la replaçant dans le contexte de la production cinĂ©matographique mais aussi des Ă©volutions sociales du Japon de lâĂ©poque...
Le corps de Donald Trump est presque partout, hors de nous, sur nos Ă©crans, pris dans des canaux dâinformation qui en dissĂ©minent sans dis- continuitĂ© les images fixes et animĂ©es. (...) Deux questions parcourent cet essai: quel est cet Ă©trange amour pour le pouvoir, vĂ©hiculĂ© par les images dâun dirigeant autoritaire, auquel adhĂšrent des individus qui nâont pourtant aucun intĂ©rĂȘt Ă voter pour lui ? Quels contre-feux filmiques, rĂ©els ou imaginĂ©s, sont susceptibles de mobiliser les puissances des images pour se soustraire Ă ce pouvoir, voire pour le contrarier ?
Ce volume rassemble pour la premiĂšre fois une sĂ©rie de textes qui ont jouĂ© un rĂŽle fondateur pour le dĂ©veloppement de la rĂ©flexion historique dans le champ du cinĂ©ma. Durant prĂšs de quarante ans, MichĂšle Lagny (1938- 2018) en a arpentĂ© en tous sens les territoires, des documentaires aux fictions, des films populaires aux oeuvres de crĂ©ation. En historienne rigoureuse animĂ©e dâune intense curiositĂ©, elle a contribuĂ© dans les annĂ©es 1980-90 aux dĂ©bats transatlantiques sur la « New Film History »...
BaptisĂ© « art du peuple » dans ses premiers jours, le cinĂ©ma aura accompagnĂ© les mutations de ce sujet si fluctuant. On inspecte ici quelques unes de ses figures contemporaines piochĂ©es dans des scĂšnes bien distantes : les films de Jia Zhangke, un cinĂ©ma français opposant le rĂ©alisme Ă la RĂ©publique, des documentaires rĂ©alisĂ©s sur des places insurgĂ©es et dâautres tournĂ©s auprĂšs de migrants clandestins. LâĂ©cart des uns aux autres fait saillir des traits partagĂ©s dessinant la silhouette dâun peuple prĂ©caire, plus indĂ©terminĂ© et moins substantiel que le prolĂ©tariat dont il est le successeur...
Si Katharine Hepburn est indĂ©niablement une star de cinĂ©ma, on connaĂźt moins sa carriĂšre de comĂ©dienne et la façon dont le thĂ©Ăątre de Broadway a nourri ses rĂŽles Ă lâĂ©cran. Les traits quâon lui associe â modĂšle dâĂ©mancipation fĂ©minine, hĂ©roĂŻne archĂ©typale des comĂ©dies hollywoodiennes, icĂŽne yankee â dissimulent une construction complexe. Hepburn incarne par excellence les paradoxes des Ă©changes entre la scĂšne et lâĂ©cran. Elle reprĂ©sente une troisiĂšme voie dans le jeu dâacteur, entre la neutralitĂ© ou lâunderplaying hollywoodien et lâĂ©cole de lâActors Studio, qui se rattache Ă un hĂ©ritage indirect duparadoxe sur le comĂ©dien dĂ©fini par Diderot...
Michel Foucaultâs work on film, although not extensive, compellingly illustrates the power of bringing his unique vision to bear on the subject and offers valuable insights into other aspects of his thought. "Foucault at the Movies" brings together all of Foucaultâs commentary on film, some of it available for the first time in English, along with important contemporary analysis and further extensions of this work.
Une rĂ©flexion sur le geste au cinĂ©ma se trouve confrontĂ©e dâemblĂ©e Ă un double sens. Le geste nâest-il pas un matĂ©riau privilĂ©giĂ© du cinĂ©ma considĂ©rĂ©, Ă la fois, comme enregistrement du rĂ©el et art de la mise en scĂšne ? Le geste Ă lâĂ©cran ne renvoie-t-il pas Ă la fois Ă ce qui a Ă©tĂ© filmĂ© et Ă sa transformation par les moyens filmiques ? Une telle interrogation implique aussi la considĂ©ration de diffĂ©rentes temporalitĂ©s : saisi par la machine dâenregistrement cinĂ©matographique, le geste a constituĂ© â et peut encore constituerâ une sorte de mĂ©moire de lâhumanitĂ©. »