Cette thématique de recherche considère le cinéma et les images animées dans leurs hybridations avec les autres arts, techniques et médias, en relation étroite avec l’analyse des continuités et mutations technologiques, à partir des expérimentations esthétiques et techniques qu’elles ont suscitées, du XIX° au XXI° siècle. Elle repose sur l’étude des modalités d’invention ou de transformation du cinéma, comme sur celle des reformulations cinématographiques de formes artistiques et culturelles.
D’une part, une réflexion intermédiale analyse la circulation des formes et des effets hérités d’autres arts et médias, ainsi que la façon dont le dialogue des films avec ces sources externes détermine l’usage des techniques et formats cinématographiques. L’étude du cinéma, mis en relation avec les techniques d’enregistrement et de transmission des images (cinéma, télévision, vidéo, Internet) et des sons (phonographie, radiophonie, télécommunications) contribue en outre à éclairer l’histoire du régime moderne de l’image et de la vision (visual studies), mais aussi du son, de la parole et de l’écoute (sound studies). Qu’il s’agisse du cinéma dominant, de genre ou d’auteur, le cinéma est ainsi envisagé avec pour toile de fond l’histoire des médias, au double sens de dispositif technologique et de construction institutionnelle, qui implique l’histoire culturelle et l’examen des pratiques et usages sociaux.
D’autre part, il s’agit d’envisager le cinéma et les images animées considérés comme art et comme médium ; de repenser les avant-gardes et l’expérimental en ce qu’ils travaillent en tant que tels la perception filmique, les matériaux et opérations cinématographiques et leur expérience esthétique. Sont étudiés les œuvres, films, vidéos, théories et pratiques afférentes, ainsi que certaines formes marginales, émergentes ou minorées du cinéma, et leurs relations ou hybridations avec les formes dominantes et les autres arts : avant-gardes, cinéma expérimental, film essai, art vidéo, expanded cinema, cinéma installé, immersif, génératif, film et vidéo danse, films musicaux, animation, cinéma scientifique, cinéma personnel, amateur, créations transmédia…
De même, sont considérées les hybridations confrontant les registres du cinéma du réel et du cinéma pur, du documentaire et de la fiction, des usages standardisés et détournés, de l’esthétique et du politique, de l’original et du pastiche, ainsi que la présence des images animées sur les scènes chorégraphiques, théâtrales et musicales, dans l’espace muséal et l’art contemporain. L’analyse des œuvres reconsidère les articulations entre son et image, figuration et abstraction, image fixe et animée, à la lumière des rapports entre arts, sciences, médias et techniques.
Dans cette perspective, il s’agit de prendre acte des mutations mais aussi de la persistance des technologies et de certains formats prétendument obsolètes relevant du graphique, de l’argentique, de l’électronique analogique, de l’électro-numérique, de leur historicité et de leurs incidences esthétiques sur la diversité et la singularité des dispositifs de production et de présentation des images animées. La méthode associe donc aussi bien l’analyse des périodes de transition technologique ou d’émergence de nouvelles formes ou techniques, que celles de supposée stabilité, sans rupture technologique ou institutionnelle visible (les cinémas classiques).