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Si Gilles Deleuze ouvre son diptyque consacré au cinéma, constitué de L’Image-mouvement et de L’Image-temps, en insistant sur le fait qu’il n’écrit pas ici une « histoire » du septième art mais plutôt « une taxinomie, un essai de classification des images et des signes », il a souvent été souligné combien c’est un événement historique qui paraît servir d’articulation entre les deux tomes et les régimes d’images correspondants. C’est la Seconde Guerre mondiale, en effet, qui semble marquer le passage entre l’« image-mouvement » et l’« image-temps », malgré les déclarations d’intention du philosophe. L’hésitation que l’on peut mettre au jour entre taxinomie et histoire dans le diptyque est loin d’être anodine, puisqu’elle en perturbe profondément l’économie générale. Revenant aux sources théoriques et filmiques de la pensée de Deleuze, cet ouvrage cherche à interroger l’idée d’une rupture de l’« histoire » du cinéma se produisant avec la Seconde Guerre mondiale, et à déterminer le type d’histoire dont il s’agit dans ce cas ici. En son centre, se trouve l’affirmation d’une compromission du septième art dans la propagande, particulièrement celle du régime nazi dont la fusion avec sa propre mise en scène nous laisserait, selon Hans-Jürgen Syberberg et Deleuze après lui, aux prises avec un Hitler comme « cinéaste ». Un « mythe négatif » du dictateur, dont l’ombre porterait après-guerre sur l’ensemble des images filmiques, qui s’avérera être aussi, en définitive, celui du cinéma dit « moderne ».

Ce livre de Daniel Le Fèvre sur James Cameron s’adresse principalement aux enfants. Le réalisateur célèbre, dont les œuvres étonnent toujours par leur intrigue passionnante et leurs scènes saisissantes, est aussi un véritable innovateur, développant de nouvelles techniques de tournage, un explorateur infatigable des profondeurs marines et un défenseur de l’environnement.

Cette biographie très bien illustrée raconte la vie du réalisateur. Comment un passe-temps d’enfance a-t-il façonné sa carrière ? D’où vient son sens de l’organisation ? Quelles astuces professionnelles partage-t-il avec les astronautes ? L’approche de l’auteur ne se contente pas de présenter aux jeunes lecteurs les principaux films de Cameron, mais utilise également l’exemple de la biographie du créateur oscarisé pour enseigner aux enfants les compétences dont ils ont besoin pour construire une carrière réussie dans le domaine de la créativité ou de la science.

Ce volume propose de questionner, depuis l’intérieur, les spécificités d’une recherche-création menée au sein de l’université Paris 8 et ayant pour objet le cinéma. Il s’agit de revenir sur les intensités que la recherche-création permet de libérer lorsque celle-ci, privilégiant l’écriture du multiple et la poursuite de l’image manquante, fait obstacle au désir de s’installer dans un passé familier et rassurant. L’idée étant alors de voir en quoi cette pratique spécifique offre l’occasion d’écrire l’histoire autrement, de traquer au cœur des images filmiques ce qui y était déjà là mais restait informulé, et de revendiquer aux côtés de Patrick Boucheron une « poétique de l’histoire » qui « n’affaiblit en rien son régime de véridicité ». C’est que nous sommes convaincu·es que le dialogue entre la recherche et la création permet de concevoir d’autres manières de travailler collectivement et de réaliser une œuvre, en apprenant à faire des dimensions affectives de nos expériences un ressort de lucidité bien plus que d’aveuglement.

Figure incontournable du cinéma de fiction, l’homme qui se travestit le fait toujours pour de mauvaises raisons. Personnage de vaudeville, il s’efforce de fourguer en contrebande son désir. Anti-héros burlesque, il joue à cache-cache avec la mort… À moins qu’il n’éprouve à s’habiller en fille un plaisir, ou un trouble, qui viennent rebattre les cartes. Jean Renoir et Éric Rohmer, Certains l’aiment chaud ou Tootsie témoignent de ces frissons nouveaux, qui, au passage, touchent au cœur de l’art de l’acteur.

Antonio de Curtis (1898-1967) dit « Totò » est considéré comme l’un des plus grands acteurs du XXe siècle, aussi bien au cinéma qu’au théâtre : figure comique, burlesque, grotesque, provocatrice, mais aussi légère et parfois sublime. Cet ouvrage s’appuie sur des éléments anthropologiques et historiques afin d’analyser le phénomène Totò dans toutes ces dimensions. Par une observation minutieuse des origines de l’acteur, né à Naples, et de ses rôles spécifiquement liés à la culture napolitaine, toute la richesse de son jeu et de sa gestuelle est éclairée : l’élément carnavalesque, l’utilisation du comique, de l’ironie et de la dérision.

À ce jour, aucun ouvrage n’a été consacré aux liens étroits qu’entretient Jacques Rancière avec le cinéma. Cet essai aimerait combler ce manque. Dans la masse abondante des textes que le philosophe a dédiés aux images en mouvement – livres monographiques, articles rassemblés en recueil, recensions de film dispersées dans des revues, interviews –, Dork Zabunyan propose un parcours raisonné qui montre comment la pensée de Rancière nous permet d’explorer en retour les relations convulsives entre le septième art et d’autres régimes d’images (télévision, internet, médias sociaux…). En traversant le western, le documentaire, la comédie musicale ou encore la fiction historique, Rancière tisse la toile d’un « monde des images » moins préoccupé par la pureté du médium cinématographique que par l’actualité de sa puissance de création.

Ce livre réunit un ensemble de textes publiés au fil d’une vingtaine d’années, dessinant la carte d’une vision critique de l’œuvre de Harun Farocki. Suivant une réflexion double (cinéma/musée), cet ensemble de textes n’oppose pas des cultures ou des dispositifs de projection, suggérant plutôt l’idée que Farocki avait fini par choisir le musée en tant qu’espace « autre », site et laboratoire d’un cinéma qu’il n’avait jamais arrêté de considérer comme un art de la mémoire, et comme un art des possibles.

Temps qui passe. Temps qui s’arrête.
Temps qui fuit, qui s’enfuit.
Qui revient.
À la recherche du temps.
C’est ce que Mélanie Forret cherche à chaque page de cet ouvrage.
Guy Gilles, qui, n’ayant connu qu’un succès « confidentiel » de son vivant, jouit depuis quelques années, d’un regain d’intérêt.
Cinéaste à « contretemps » Guy Gilles ? À contretemps du cinéma de son époque ? À contretemps de son temps ? À contretemps du temps. Du temps qui passe.

Ce Delair/Clouzot regroupe des documents inédits — lettres, télégrammes, cartes postales ou photos —, qui dessinent la relation orageuse et créative entre Henri-Georges Clouzot et Suzy Delair. A travers cet ensemble épistolaire, c’est tout un pan autobiographique de l’œuvre de Clouzot qui se révèle, ainsi que les étapes de sa reconnaissance, au long des années quarante, en tant que scénariste et réalisateur : Le Dernier des six, L’assassin habite au 21, Le Corbeau, Quai des Orfèvres.

Ce premier recueil de textes inédits ou introuvables de Claudine Eizykman, flamboyante cinéaste-théoricienne, constitue une refondation radicale de la théorie du cinéma, élaborée et approfondie de 1970 à 2018. 

Le scénario « Il est difficle d’être un dieu », écrit en 1968 par Arkadi et Boris Strougatski et Alexeï Guerman, est un bel exemple de la tradition du scénario littéraire soviétique et un objet fascinant qui marque le début de l’histoire de la fabrication d’un film, laquelle va s’étendre sur plus d’un demi-siècle. L’action se situe sur une planète imaginaire, au pays d’Arkanar qui rappelle fortement notre Moyen-Âge sur Terre. Avec une puissance littéraire en même temps qu’imagée, est dépeinte l’insinuation du Mal dans un esprit élevé, la contamination de celui-ci par le milieu violent dans lequel il se trouve plongé…

« Regardez attentivement les rêves » de Kira Mouratova et Vladimir Zouev fait partie des scénarios soviétiques restés lettre morte à la fin des années soixante, époque à laquelle la censure se renforçait en même temps que grandissait la méfiance devant tout projet tendant à sortir des normes. Il nous semble que ces textes doivent être aujourd’hui exhumés, tant ils font partie de plein droit de l’histoire du cinéma soviétique. Le scénario qui évoque explicitement La Porte dans le mur d’Herbert G. Wells, raconte l’histoire d’Ania, une peintre déchirée entre, d’une part, son désir de se consacrer pleinement à son art, et de l’autre, les soucis quotidiens mais aussi son amour pour ses proches.

La Tôei Dôga, fondée en 1956 et aujourd’hui nommé Tôei Animation, est dans l’après-guerre l’un des plus importants studios d’animation japonais, lieu de formation privilégié aux métiers de l’animation et de l’émergence de l’anime. Son directeur Hiroshi Ôkawa qui veut en faire le « Disney de l’Orient », oriente sa production vers le long métrage pour le cinéma, une gageure pour une industrie de l’animation naissante. (…)
Cet ouvrage explore l’histoire de cette structure depuis les mois qui précèdent sa création jusqu’à la disparition de son directeur historique, en la replaçant dans le contexte de la production cinématographique mais aussi des évolutions sociales du Japon de l’époque…

Le corps de Donald Trump est presque partout, hors de nous, sur nos écrans, pris dans des canaux d’information qui en disséminent sans dis- continuité les images fixes et animées. (…) Deux questions parcourent cet essai: quel est cet étrange amour pour le pouvoir, véhiculé par les images d’un dirigeant autoritaire, auquel adhèrent des individus qui n’ont pourtant aucun intérêt à voter pour lui ? Quels contre-feux filmiques, réels ou imaginés, sont susceptibles de mobiliser les puissances des images pour se soustraire à ce pouvoir, voire pour le contrarier ?

Ce volume rassemble pour la première fois une série de textes qui ont joué un rôle fondateur pour le développement de la réflexion historique dans le champ du cinéma. Durant près de quarante ans, Michèle Lagny (1938- 2018) en a arpenté en tous sens les territoires, des documentaires aux fictions, des films populaires aux oeuvres de création. En historienne rigoureuse animée d’une intense curiosité, elle a contribué dans les années 1980-90 aux débats transatlantiques sur la « New Film History »…

Baptisé « art du peuple » dans ses premiers jours, le cinéma aura accompagné les mutations de ce sujet si fluctuant. On inspecte ici quelques unes de ses figures contemporaines piochées dans des scènes bien distantes : les films de Jia Zhangke, un cinéma français opposant le réalisme à la République, des documentaires réalisés sur des places insurgées et d’autres tournés auprès de migrants clandestins. L’écart des uns aux autres fait saillir des traits partagés dessinant la silhouette d’un peuple précaire, plus indéterminé et moins substantiel que le prolétariat dont il est le successeur…

Si Katharine Hepburn est indéniablement une star de cinéma, on connaît moins sa carrière de comédienne et la façon dont le théâtre de Broadway a nourri ses rôles à l’écran. Les traits qu’on lui associe – modèle d’émancipation féminine, héroïne archétypale des comédies hollywoodiennes, icône yankee – dissimulent une construction complexe. Hepburn incarne par excellence les paradoxes des échanges entre la scène et l’écran. Elle représente une troisième voie dans le jeu d’acteur, entre la neutralité ou l’underplaying hollywoodien et l’école de l’Actors Studio, qui se rattache à un héritage indirect duparadoxe sur le comédien défini par Diderot…

Si le rire procède de désordres, l’art comique relève d’ordonnancements et d’agencements. Buster Keaton en fut le grand maître, avec ses enchaînements de gags réglés comme du papier à musique, tant scénaristiquement que visuellement. « Fiancées en folie » (Seven Chances, 1925) l’atteste de forte et réjouissante façon. L’auteur le fait valoir, en suivant le fil du film, au plus près de ses effets visuels, tout en convoquant au passage plusieurs autres opus keatoniens. Apparaissent ainsi en chemin, peu connus, divers ingrédients et ressorts formels du comique…
Pour autant, la précision de l’analyse, faisant écho à celle du film, n’enlève rien à la drôlerie de l’oeuvre.

Ingmar Bergman réalise Sarabande à quatre-vingt six ans alors qu’il pensait en avoir fini avec le cinéma. Ce tournage apparaît comme la seule issue aux tourments qui s’emparent de lui en cette fin de vie. Le cinéaste y pose la question du dialogue avec les morts : la réponse tient ici à l’utilisation de la photographie. Ainsi, place-t-il au cœur de son film le portrait d’une défunte : c’est paradoxalement cette image fixe qui va mettre en mouvement les personnages, et provoquer leur déplacement. La sarabande n’est-elle pas d’abord une danse ? Ultime et subtil renversement d’un cinéma qu’on pensait hanté par la mort.

La « cinéfable » ne se loge dans aucun plan ou aucun son d’un film en particulier, elle les irrigue tous et se projette dans la salle obscure. En ce sens, elle se tient à l’opposé du scénario, ce texte qui se trouve, lui, en amont d’un film et qui en est l’outil. Il ne s’agit donc pas ici de donner des recettes pour écrire un scénario ni une bonne histoire. Pourtant le but de cet anti-manuel n’est en définitive pas théorique. Il vise à faire entrer le lecteur – étudiant, scénariste ou cinéaste – dans l’état d’effervescence qui prélude à toute création dans le champ de la fiction cinématographique…

Poète, romancier, essayiste, polémiste et cinéaste, Pasolini témoignait volontiers dans ses entretiens de « sa vocation pour le pastiche ».
En plongeant aux origines critiques et poétiques du pastiche pasolinien, cet ouvrage offre une clé d’analyse de la création pasolinienne tout en éclairant des notions aussi complexes que fameuses que sont le « cinéma de poésie » ou « la subjective libre ». L’ouvrage est composé de deux parties, l’une théorique tissant des liens entre la notion de pastiche et le concept du Discours indirect libre forgé par Pasolini, l’autre faisant le lien avec la pratique artistique pasolinienne et s’appuyant plus particulièrement sur le film, La Ricotta.

Quels procédés esthétiques et cinématographiques dans l’oeuvre d’Abdellatif Kechiche ? Et quel contexte particulier que celui de l’évolution de la représentation cinématographique de la population d’origine maghrébine en France ? Une analyse esthétique d’un corpus de films choisis permet d’observer les prémisses de cette oeuvre en devenir et d’appréhender la spécificité d’un mouvement qui débute dans les années soixante-dix et s’affirme au milieu des années quatre- vingt avec la sortie du film « Le Thé au harem d’Archimède » de Mehdi Charef…

Cette première édition critique des Écrits et entretiens d’Alexandre Alexeïeff (1901-1982), inédits ou devenus inaccessibles, rassemble l’essentiel de ses réflexions et contributions théoriques. Elle révèle à quel point l’aventure singulière de cet artiste, décorateur, illustrateur, graveur, cinéaste inventeur de techniques nouvelles, s’est fondée sur une pensée originale du cinéma, de l’animation et des arts comme la gravure, la musique, la poésie, la pantomime, la danse…

Pourquoi enregistrer avec un appareil doté d’une caméra une manifestation contre un régime autoritaire, et pourquoi le faire parfois au péril de sa vie ? Que deviennent les images et les sons de ces luttes une fois qu’ils circulent sur des plateformes en ligne, quand ils ne sont pas supprimés par les gouvernants qui y voient un danger contre l’arbitraire de leur pouvoir ? Que peut le cinéma face à ce matériau visuel et sonore ne lui appartenant pas, qui à la fois lui résiste et l’inspire, s’il souhaite constituer une archive filmée des révoltes de notre présent ?

18 entretiens, avec des cinéastes, mais aussi des techniciens, d’horizons et de générations variés, sur la création cinématographique sous tous ses aspects concrets aujourd’hui, à l’ère du numérique. (…)
Depuis l’idée de départ jusqu’à la diffusion, en passant par l’écriture, la production, la mise en scène, le jeu de l’acteur, le montage, etc. ils questionnent, ils provoquent, ils parlent, chacun à leur façon, d’expérience…