Si Gilles Deleuze ouvre son diptyque consacré au cinéma, constitué de L’Image-mouvement et de L’Image-temps, en insistant sur le fait qu’il n’écrit pas ici une « histoire » du septième art mais plutôt « une taxinomie, un essai de classification des images et des signes », il a souvent été souligné combien c’est un événement historique qui paraît servir d’articulation entre les deux tomes et les régimes d’images correspondants. C’est la Seconde Guerre mondiale, en effet, qui semble marquer le passage entre l’« image-mouvement » et l’« image-temps », malgré les déclarations d’intention du philosophe. L’hésitation que l’on peut mettre au jour entre taxinomie et histoire dans le diptyque est loin d’être anodine, puisqu’elle en perturbe profondément l’économie générale. Revenant aux sources théoriques et filmiques de la pensée de Deleuze, cet ouvrage cherche à interroger l’idée d’une rupture de l’« histoire » du cinéma se produisant avec la Seconde Guerre mondiale, et à déterminer le type d’histoire dont il s’agit dans ce cas ici. En son centre, se trouve l’affirmation d’une compromission du septième art dans la propagande, particulièrement celle du régime nazi dont la fusion avec sa propre mise en scène nous laisserait, selon Hans-Jürgen Syberberg et Deleuze après lui, aux prises avec un Hitler comme « cinéaste ». Un « mythe négatif » du dictateur, dont l’ombre porterait après-guerre sur l’ensemble des images filmiques, qui s’avérera être aussi, en définitive, celui du cinéma dit « moderne ».
![Чему я могу научиться у Джеймса Кэмерона [Ce que je peux apprendre de James Cameron]](https://www.estca.univ-paris8.fr/wp-content/uploads/2024/12/face_WhatICanLearnFrom_Cameron.jpg-900x600.webp)
Ce livre de Daniel Le Fèvre sur James Cameron s'adresse principalement aux enfants. Le réalisateur célèbre, dont les œuvres étonnent toujours par leur intrigue passionnante et leurs scènes saisissantes, est aussi un véritable innovateur, développant de nouvelles techniques de tournage, un explorateur infatigable des profondeurs marines et un défenseur de l'environnement. Cette biographie très bien illustrée raconte la vie du réalisateur. Comment un passe-temps d'enfance a-t-il façonné sa carrière ? D'où vient son sens de l'organisation ? Quelles astuces professionnelles partage-t-il avec les astronautes ? L'approche de l'auteur ne se contente pas de présenter aux jeunes lecteurs les principaux films de Cameron, mais utilise également l'exemple de la biographie du créateur oscarisé pour enseigner aux enfants les compétences dont ils ont besoin pour construire une carrière réussie dans le domaine de la créativité ou de la science.

Ce volume propose de questionner, depuis l’intérieur, les spécificités d’une recherche-création menée au sein de l’université Paris 8 et ayant pour objet le cinéma. Il s’agit de revenir sur les intensités que la recherche-création permet de libérer lorsque celle-ci, privilégiant l’écriture du multiple et la poursuite de l’image manquante, fait obstacle au désir de s’installer dans un passé familier et rassurant. L’idée étant alors de voir en quoi cette pratique spécifique offre l’occasion d’écrire l’histoire autrement, de traquer au cœur des images filmiques ce qui y était déjà là mais restait informulé, et de revendiquer aux côtés de Patrick Boucheron une « poétique de l’histoire » qui « n’affaiblit en rien son régime de véridicité ». C’est que nous sommes convaincu·es que le dialogue entre la recherche et la création permet de concevoir d’autres manières de travailler collectivement et de réaliser une œuvre, en apprenant à faire des dimensions affectives de nos expériences un ressort de lucidité bien plus que d’aveuglement.

Figure incontournable du cinéma de fiction, l’homme qui se travestit le fait toujours pour de mauvaises raisons. Personnage de vaudeville, il s’efforce de fourguer en contrebande son désir. Anti-héros burlesque, il joue à cache-cache avec la mort… À moins qu’il n’éprouve à s’habiller en fille un plaisir, ou un trouble, qui viennent rebattre les cartes. Jean Renoir et Éric Rohmer, Certains l’aiment chaud ou Tootsie témoignent de ces frissons nouveaux, qui, au passage, touchent au cœur de l’art de l’acteur.

Antonio de Curtis (1898-1967) dit « Totò » est considéré comme l’un des plus grands acteurs du XXe siècle, aussi bien au cinéma qu’au théâtre : figure comique, burlesque, grotesque, provocatrice, mais aussi légère et parfois sublime. Cet ouvrage s’appuie sur des éléments anthropologiques et historiques afin d’analyser le phénomène Totò dans toutes ces dimensions. Par une observation minutieuse des origines de l’acteur, né à Naples, et de ses rôles spécifiquement liés à la culture napolitaine, toute la richesse de son jeu et de sa gestuelle est éclairée : l’élément carnavalesque, l’utilisation du comique, de l’ironie et de la dérision.

À ce jour, aucun ouvrage n’a été consacré aux liens étroits qu’entretient Jacques Rancière avec le cinéma. Cet essai aimerait combler ce manque. Dans la masse abondante des textes que le philosophe a dédiés aux images en mouvement – livres monographiques, articles rassemblés en recueil, recensions de film dispersées dans des revues, interviews –, Dork Zabunyan propose un parcours raisonné qui montre comment la pensée de Rancière nous permet d’explorer en retour les relations convulsives entre le septième art et d’autres régimes d’images (télévision, internet, médias sociaux…). En traversant le western, le documentaire, la comédie musicale ou encore la fiction historique, Rancière tisse la toile d’un « monde des images » moins préoccupé par la pureté du médium cinématographique que par l’actualité de sa puissance de création.

Ce livre réunit un ensemble de textes publiés au fil d’une vingtaine d’années, dessinant la carte d’une vision critique de l’œuvre de Harun Farocki. Suivant une réflexion double (cinéma/musée), cet ensemble de textes n’oppose pas des cultures ou des dispositifs de projection, suggérant plutôt l’idée que Farocki avait fini par choisir le musée en tant qu’espace « autre », site et laboratoire d’un cinéma qu’il n’avait jamais arrêté de considérer comme un art de la mémoire, et comme un art des possibles.

Temps qui passe. Temps qui s’arrête. Temps qui fuit, qui s’enfuit. Qui revient. À la recherche du temps. C’est ce que Mélanie Forret cherche à chaque page de cet ouvrage. Guy Gilles, qui, n’ayant connu qu’un succès « confidentiel » de son vivant, jouit depuis quelques années, d’un regain d’intérêt. Cinéaste à « contretemps » Guy Gilles ? À contretemps du cinéma de son époque ? À contretemps de son temps ? À contretemps du temps. Du temps qui passe.

Ce Delair/Clouzot regroupe des documents inédits — lettres, télégrammes, cartes postales ou photos —, qui dessinent la relation orageuse et créative entre Henri-Georges Clouzot et Suzy Delair. A travers cet ensemble épistolaire, c’est tout un pan autobiographique de l’œuvre de Clouzot qui se révèle, ainsi que les étapes de sa reconnaissance, au long des années quarante, en tant que scénariste et réalisateur : Le Dernier des six, L’assassin habite au 21, Le Corbeau, Quai des Orfèvres.

Ce premier recueil de textes inédits ou introuvables de Claudine Eizykman, flamboyante cinéaste-théoricienne, constitue une refondation radicale de la théorie du cinéma, élaborée et approfondie de 1970 à 2018.