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Les enjeux de représentations des marges au sein d’un système

mars 16, 2026 @ 18 h 00 min - 20 h 00 min
SÉMINAIRE ORGANISÉ PAR ABEL DELATTRE, CAMILLE PARRAU, LILOU ARLAUD, MARION CAZAUX

Séminaire entre octobre et mars, tous les 3e lundi

Campus Condorcet, Aubervilliers et en visio

La marge est “l’espace blanc laissé autour ou simplement d’un seul côté d’un texte manuscrit ou imprimé”. Le terme a été repris par exemple en géographie, sociologie, études culturelles, anthropologie, pour désigner des espaces périphériques qui échappent aux normes et codes centraux, hégémoniques. Que cela soit subi ou voulu, les personnes placées à la marge développent dès le départ une culture, des représentations différentes et parfois en opposition aux normes hégémoniques. Dans les arts cette notion de norme et de marge est aussi présente. La norme est représentée par des genres ou styles considérés comme plus légitimes. L’appartenance à des cultures perçues comme dominantes mais aussi les modes de production, de diffusion ou les lieux d’exposition entrent aussi en compte pour distinguer la norme de la marge. Mais si nous prenons la définition de l’expression “en marge”, elle apporte un autre élément important : “en dehors de, mais qui se rapporte à…”. Il existe donc un lien, des échanges entre la marge et, disons “la norme”. Le système capitaliste libéral dans lequel nous vivons, fait que même celles et ceux qui sont laissé.e.s de côté, entretiennent des liens avec ce système et sont nécessaires à son fonctionnement. En effet, ce même système peut venir s’inspirer de ces personnes qu’il marginalise, en reprenant leurs caractéristiques propres, d’un point de vue de leur représentation et de leur culture. Un des exemples les plus parlant aujourd’hui est celui du rap, genre musical fortement décrié, il y a encore quelques années, pour des raisons racistes et classistes et qui est devenu le genre le plus écouté. Cependant, pour accéder à cette popularité, le rap a été forcé de dépolitiser ses messages, ses enjeux ont dû évoluer.
Il existe donc de nombreuses tensions entre le système établi, ce qui est appelé “la marge” et des changements constants dans ce qui est considéré comme appartenant à la norme ou à la marge. La représentation des personnes marginalisées est aussi souvent un enjeu important. Il y a souvent un écart entre la façon dont sont imaginées les personnes marginalisées depuis un point de vue normatif, et comment elles se perçoivent depuis la marge. La notion de gaze intervient alors et le regard devient un outil de domination. Le terme est popularisé à partir de 1975 par Laura Mulvey dans son texte “Visual Pleasure and Narrative Cinema” où elle explore l’idée d’un regard masculin, “male gaze” qui fait des personnages féminins avant tout un objet de plaisir pour les spectateurs masculins. En réaction, bell hooks introduit le regard oppositionnel, en présentant le fait de regarder comme un acte qui peut être perçu comme subversif et capable de rendre de l’agentivité à des groupes sociaux dominés. Le concept de gaze a depuis été repris et a évolué. Mulvey elle-même est revenue plusieurs fois dessus, que ce soit pour préciser sa pensée ou répondre aux critiques émises sur son texte originel et les concepts théoriques qui en ont émergé. Ce séminaire pourra être l’occasion de mener une réflexion critique sur la notion de gaze et ses réemplois qui se sont multipliés ces dernières années.
L’enjeu de ce séminaire est de réfléchir aux liens de corrélation entre la marge et le système dominant et comment cela influe sur les représentations. Nous nous demanderons comment sont représentées les personnes marginalisées et comment elles parviennent à exister au sein de ce système. Il s’agira aussi de comprendre comment le système se réapproprie des représentations et cultures marginalisées et l’intérêt qu’il en retire.

Détails

Lieu

  • Campus Condorcet
  • 8 cours des Humanités, 93322 Aubervilliers
    Paris, France
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