Infos
Date :
22 septembre 2016
Titre :
Chantal Akerman, retours sur l’oeuvre
Dirigé par :
Frédéric Sabouraud, Estca
Nous proposerons tout au long d’une journée une série de discussions, ouvertes aux intervenants d’autres arts (notamment la danse) et à tous ceux qui le souhaitent, à partir d’interventions et d’extraits autour des trois thèmes suivants : à la recherche de l’autre, espaces et plans, comédie et burlesque, l’engagement.
Cette journée s’articulera avec une programmation de films de Chantal Akerman pendant la semaine de pré-rentrée. Ces projections se dérouleront au sein de l’UFR Arts, Philosophie, Esthétique et au cinéma L’Ecran de Saint-Denis, et la présentation en sera assurée par des étudiants et doctorants.
Intervenants :
Christa Blümlinger, Hélène Fleckinger, Mathias Lavin, Valentina Morales Valdès,
Julie Perrin, Alexandra Rojo, Frédéric Sabouraud, Dork Zabunyan, Eugénie Zvonkine, Christine Delorme.
Détail du programme
Jeudi 22 septembre 2016
Salle de projection A101, Paris 8
11h Introduction
Extrait voix Chantal Akerman
L’UNE ET L’AUTRE
11h15 – Projection Un jour Pina a demandé
12h15 – Valentina Morales Valdés
Par son documentaire Un jour Pina a demandé réalisé en 1983, Chantal Akerman a développé une approche particulière du travail de la chorégraphe allemande Pina Bausch dans une période précoce du Tanztheater Wuppertal. À cette date, la réception de la chorégraphe en France et en Allemagne n’a pas toujours été positive, surtout dans la presse en quête d’ « étiquettes ». Pourtant, la poétique de
ces images me semble parvenir à souligner des aspects fondamentaux de l’esthétique de Pina Bausch, que je voudrais faire émerger et commenter à travers le regard d’Akerman.
12h35 – Discussion
Extrait audiovisuel 1
12h45 – Pause déjeuner
14h – Reprise
Salle de projection A101, Paris 8
ESPACES ET PLANS
14h – Julie Perrin
On peut regarder les films new-yorkais des années 70 d’Akerman à travers cette danse dite postmoderne qui s’est développée non sans connivence avec le cinéma expérimental à New York. La cinéaste évoque « le plat, le sans effet, le banal », l’intrication entre la fiction et le documentaire… Les danseurs de leur côté disent l’inaccentué, le sans affect, le quotidien, les liens entre l’art et la vie. Je propose de retraverser quelques-unes de ces images avec ce regard biaisé par la danse.
14h20 – Hélène Fleckinger
Jeanne Dielman, 23 quai du commerce 1080 Bruxelles (1975)… ou le temps recomposé. En s’appuyant sur des sources rarement convoquées, notamment une bande vidéo tournée par Sami Frey et des archives issues de la radio-télévision, cette communication propose de revenir sur les coulisses d’une œuvre magistrale de Chantal Akerman, qui fut promue manifeste cinématographique féministe par des critiques étatsuniennes ; sur sa collaboration avec Delphine Seyrig ; sur son refus de tout psychologisme ou naturalisme.
14h40 – Christa Blümlinger
Paroles de cuisine. Dans l’oeuvre de Chantal Akerman, l’espace de la cuisine occupe une place importante. Elle est le lieu des gestes répétés, de la nourriture et de la parole vive. De son premier film Saute ma ville jusqu’à son tout dernier No Home Movie, comme
à travers ses installations et toutes les formes qu’elle a illustrées entre fiction et documentaire, on peut voir la cuisine transformée en une sorte d’agora féminine.
15h – Discussion
Extrait audiovisuel 2
15h30 – Pause
COMEDIE ET BURLESQUE
15h50 – Alexandra Rojo
Souvenirs d’une ouvreuse. En 1986, lors de la sortie du film Golden Eighties de Chantal Akerman, j’étais étudiante au Département Cinéma de Paris 8 et travaillais comme ouvreuse au cinéma Saint-André-des-Arts. Pendant trois mois, j’ai assisté à 98 projections de ce film : j’ai donc mangé, dormi, ri et pleuré avec lui. J’ai vécu avec ce film comme avec un être vivant, un compagnon qui me regarde
autant que je le regarde. Je réalise seulement aujourd’hui, à l’annonce de la disparition de Chantal Akerman, combien cette expérience fut marquante pour moi.
16h10 – Mathias Lavin
Souvent négligée, la veine humoristique de l’oeuvre de Chantal Akerman appelle un examen attentif. On pourra s’attarder sur l’invention d’un corps comique (Je, tu, il, elle), sur la persistance du burlesque (L’Homme à la valise, Golden eighties) sur la reprise distanciée de scénarios de comédie (Un divan à New York, Demain on déménage), comme sur l’hommage à l’humour juif (histoires d’Amérique).
16h30 – Discussion
Extrait audiovisuel 3
L’ENGAGEMENT ET LE RYTHME
17h – Eugénie Zvonkine
A l’Est, rien de nouveau.
En 1991, j’émigrais en France dans un voyage sans retour, car je quittais l’URSS, un pays qui allait disparaître quelques mois après. En 1992, Chantal Akerman partait avec une caméra 16 mm pour filmer l’Europe de l’Est et la Russie. Les filmer « tant qu’il est encore temps », saisir « un fleuve de voix diverses charriées par les images (…) qu’il ne serait pas toujours nécessaire de comprendre » et
qu’elle choisit donc de ne pas sous-titrer, pour en exposer l’altérité et le pouvoir de fascination. En regardant D’Est, je reconnais les visages et les paysages de mon enfance, je comprends ce que disent les personnes qui traversent le film. C’est de la rencontre de ces deux regards que je parlerai.
17h20 – Dork Zabunyan
Le « Moyen-Orient » de Chantal Akerman.
Durant l’été 1998, Chantal Akerman se rend dans plusieurs pays du Moyen- Orient : au Liban, en Jordanie, en Syrie. Prend alors forme un projet de documentaire qui ne verra jamais le jour : intitulé « Du Moyen-Orient », il s’inscrit dans le sillage D’Est (1993). La cinéaste, soucieuse d’éviter tout orientalisme, exprime dans un texte qui présente son projet la « peur » que celui-ci provoque en elle. De quelle peur s’agit-il ? « Parce qu’on entend tout de suite [quand on parle du Moyen-Orient] et en vrac, dans un désordre significatif, les mots brûlants de Palestine, Jérusalem, FIS, Hamas, voile, intégrisme, immigration, démocratie, xénophobie, banlieues, violence, rapport à l’autre, identité, exil, et par-dessus tout le mot : étranger, avec sa cohorte d’adjectifs ». Il s’agira d’imaginer ce film non réalisé, de songer à quoi il aurait pu ressembler en fonction de ce que Chantal Akerman en a dit, tout en mobilisant d’autres oeuvres qui se confrontent à la
figure de l’autre, au « rapport à l’autre », et parmi elles, principalement, en plus D’Est : Sud (1999), De l’autre côté (2002) et Là-bas (2006).
17h40 – Frédéric Sabouraud
S’engager/Entre fiction et documentaire.
L’engagement artistique de Chantal Akerman sera pris dans différentes acceptions, intimes, esthétiques et politiques et dans l’entrelacement des approches fiction et documentaire (plus particulièrement à propos des deux films documentaires
américains De l’autre côté et Sud et de son film de fiction La Captive).
18h – Christine Delorme
A la recherche du rythme idéal.
Le rythme idéal de production des films pour Chantal Akerman, c’était d’aller de l’un à l’autre, d’une relation presque duelle ou familiale, simple dispositif comme Hôtel Monterey film sans acteurs à petit budget, plan continu muet tourné en une nuit, à l’autre, un film avec une équipe de 30 à 40 personnes où elle peut dire : « abattez-moi ce mur et le mur est abattu », comme dans Demain, on déménage.
Loin d’une figure exponentielle, un processus de création qui génère un rythme de production.
18h20 – Discussion et conclusion
Extrait audiovisuel 4
18h50 – Fin de la journée