L’Équipe de film au travail, Créations artistiques et cadres industriels
Katalin Pór et Caroline Renouard (dir.), AFRHC, 2022
le vendredi 1er décembre à 17h30,
Cinémathèque Française, 51 rue de Bercy, 75012 Paris
Le studio Warner Bros. : terre d’accueil d’expériences et d’artistes
Un studio dans le studio ? Le Stage 5, département d’effets spéciaux de Warner Bros
Au tournant de l’« âge d’or hollywoodien » des années 1930 aux années 1950, des transformations profondes structurent le milieu des effets spéciaux. De nouvelles technologies ainsi que des changements de cap dans les conjonctures économiques et esthétiques entraînent la création de départements spécifiques au sein des grands studios, regroupant des professionnels dédiés et de plus en plus spécialisés. Au sein de la Warner-First National, le Scientific Research Department, plus connu sous le nom de Stage 5, acquiert rapidement une forte réputation pour l’excellence de sa production, qui étonne jusqu’à ses plus farouches concurrents de l’époque.De quelle manière la structuration et la hiérarchisation de cette équipe de création diffèrent-elles des modes de fonctionnement présents ailleurs ? Comment les individus qui composent ce « studio dans le studio » se positionnent-ils dans le cadre de leur organisation collective, et avec quelles marges de manœuvre ? Cette analyse, sous forme de « travelling avant » dans ce département spécialisé, permettra in fine de mettre en perspective ce que l’« âge d’or hollywoodien » en général, et la Warner Bros. en particulier, doivent à cette industrie des effets spéciaux, à la croisée d’enjeux techniques, économiques et esthétiques.
Réjane Hamus-Vallée est professeure des Universités au sein de l’Université d’Evry Paris Saclay, Centre Pierre Naville, où elle dirige le master « Image et société. Documentaire et sciences sociales ». Ses travaux de recherche portent principalement sur les effets spéciaux (Les effets spéciaux au cinéma. 120 ans de créations en France et dans le monde, avec Caroline Renouard, Armand Colin, 2018 ; Peindre pour le cinéma. Une histoire du Matte Painting, Les Presses universitaires du Septentrion, 2016), sur les métiers du cinéma (Superviseur d’effets visuels pour le cinéma, avec Caroline Renouard, Eyrolles, 2016) et sur la sociologie visuelle et filmique (direction, « Sociologie de l’image, sociologie par l’image », CinémAction, 2013).
William Dieterle, cinéaste d’origine allemande, œuvre comme médiateur au sein des réseaux d’émigrés à Hollywood et en mobilise trois cercles dans ses films réalisés pour Warner Bros : le réseau de la scène théâtrale weimarienne, le réseau de l’aide aux réfugiés européens et le réseau de la presse d’émigration. Le croisement de ces sphères donne à voir des effets de collaborations entre artistes et notamment de celles entre les scénaristes émigrés (écrivains en Europe) et le réalisateur. Dans ce cadre de circulation des sensibilités, des savoirs et des pratiques, la biographie devient une stratégie de contournement des censures, d’édification de contre-modèles ou encore de prise position contre les fascismes. En prenant pour point d’observation le film Juarez (1939), et en se proposant d’analyser à travers cet exemple l’enchâssement des réseaux, nous explorons une cartographie des milieux émigrés impliqués dans la création cinématographique à Warner Bros, ainsi que les arbitrages, les marges d’action, voire de politisation que, sinon des individus seuls, du moins des individus réunis en groupe, peuvent détenir au sein de ce studio au cours de ces années d’avant-guerre.
Ces conférences seront suivies d’une signature à 19h, à la librairie de la Cinémathèque, par Claire Demoulin et Réjane Hamus-Vallée de l’ouvrage.
Conférence organisée avec le soutien du Fonds Culturel Franco-Américain (FCFA).