Date :
20 novembre 2024
Palais de la porte dorĂ©e – MusĂ©e national de lâhistoire de lâimmigration
JournĂ©e d’Ă©tudes
Cet atelier est un espace-temps consacrĂ© Ă une rĂ©flexion commune sur la reprĂ©sentation des femmes immigrĂ©es dans les archives et les sources audiovisuelles en France, organisĂ© Ă lâoccasion de la fin du contrat postdoctoral de Sibil Ăekmen Ă lâUniversitĂ© Paris LumiĂšres, accueillie au sein de lâUniversitĂ© Paris 8 (ESTCA), de lâuniversitĂ© Paris Nanterre (Sophiapol) et du MusĂ©e national de lâhistoire de lâimmigration (MNHI).
« Une histoire de lâimmigration sans les femmes est-elle possible ? » se demandait Nancy Green au dĂ©but des annĂ©es 2000, en affirmant quâune telle histoire ne serait que partielle1. Inclure les femmes migrantes dans le rĂ©cit historique permettrait non seulement de complĂ©ter les narrations dominantes, mais aussi de mettre en lumiĂšre les rapports de pouvoir en jeu dans les dynamiques migratoires. IntĂ©grer leurs expĂ©riences, luttes et contributions avec une approche intersectionnelle, ouvrirait la voie Ă une meilleure comprĂ©hension des parcours migratoires dĂ©terminĂ©s par les dynamiques de genre, de race et de classe, ainsi que des mĂ©canismes dâexclusion et dâinclusion dans la sociĂ©tĂ©.
MĂȘme si depuis le milieu des annĂ©es 70, un nombre croissant dâĂ©tudes reconnaissent les femmes comme protagonistes Ă part entiĂšre des migrations, cela ne suffit pas toujours Ă mettre en lumiĂšre la diversitĂ© de leurs expĂ©riences. Comme le souligne Mirjana Morokvasic2, les sciences sociales et les politiques publiques continuent souvent Ă ne leur offrir quâune visibilitĂ© sĂ©lective, qui les cantonne trop frĂ©quemment au rĂŽle de victimes, au dĂ©triment de leur diversitĂ© dâexpĂ©riences et dâagentivitĂ©. Selon Marlou Schrover3, les discours dominants tendent souvent Ă crĂ©er une image en miroir des hommes et des femmes, oĂč les hommes sont perçus comme des « risques », sources de problĂšmes, tandis que les femmes sont vues comme « Ă risque ». Tout en sâappuyant sur des travaux en SHS parus entre les annĂ©es 1970 et 2020, Camille Schmoll4 critique Ă©galement les dĂ©bats publics et les politiques migratoires qui nĂ©gligent ou minimisent systĂ©matiquement les femmes en les rĂ©duisant frĂ©quemment Ă quelques figures archĂ©typales comme la suiveuse, la domestique ou la prostituĂ©e. Elle appelle Ă contester les clichĂ©s binaires qui opposent « la migrante-victime » et « la migrante-hĂ©roĂŻne » car dans la majoritĂ© des cas, les femmes se situent entre ces deux reprĂ©sentations extrĂȘmes5. Similairement, en explorant les reprĂ©sentations des immigrĂ©.e.s dans des films europĂ©ens rĂ©alisĂ©s tant par des cinĂ©astes immigrĂ©.e.s que par des cinĂ©astes europĂ©ens non-immigrĂ©.e.s, Isolina Ballesteros attire lâattention sur le danger de la victimisation qui homogĂ©nĂ©ise les expĂ©riences individuelles en ne se concentrant que sur les dĂ©nouements tragiques 6.
Mettre en lumiĂšre des Ćuvres qui, loin de se contenter de reproduire les reprĂ©sentations rĂ©ductrices, sâefforcent de proposer « nos images manquantes »7, est prĂ©cisĂ©ment la dynamique que cet atelier se propose dâexplorer en suivant deux axes. Il sâagira, dâune part, dâexaminer la place accordĂ©e aux femmes immigrĂ©es dans les diverses archives audiovisuelles en France et de discuter des stratĂ©gies pour rendre visible les images existantes. Il sâagira, dâautre part, dâexplorer les nouveaux mĂ©diums, plateformes et approches mobilisĂ©s par les cinĂ©astes, les chercheur.euse.s en sciences sociales et les migrant.e.s iels-mĂȘmes, afin de repĂ©rer voire dĂ©passer les stĂ©rĂ©otypes et proposer de nouvelles images de la subjectivitĂ© et de lâagentivitĂ© des femmes immigrĂ©es.
Palais de la porte dorĂ©e – MusĂ©e national de lâhistoire de lâimmigration
10h – 10h15
Mot dâaccueil : Marianne Amar, EÌtablissement public de la Porte doreÌe – MuseÌe de lâhistoire de lâimmigration, fellow de lâInstitut Convergence Migrations
PreÌsentation des accueils de chercheurs : Claire Leymonerie, EÌtablissement public de la Porte doreÌe – MuseÌe de lâhistoire de lâimmigration
10h15 – 10h45
Ouverture par Linda Guerry, Chercheuse associeÌe au LARHRA et fellow de lâInstitut Convergences Migrations
âFemmes et genre dans la recherche sur les migrations (1970-2020)â
10h45-12h45
Les femmes immigreÌes dans les archives audiovisuelles: surmonter lâinvisibilisation ?
PreÌsidence : Marianne Amar
10h45 – 11h15
HeÌleÌne Fleckinger, MaiÌtresse de confeÌrences, UniversiteÌ Paris 8 – ESTCA (sous reÌserve)
âStatut des images relatives aux femmes migrantes : contexte de production, diffusion et fonctions au prisme du genreâ
11h15 – 11h45
Sibil Çekmen, Post-doctorante accueillie au sein de lâUniversiteÌ Paris 8 (ESTCA), de l’UniversiteÌ Paris Nanterre (Sophiapol) et du MuseÌe national de lâhistoire de lâimmigration, avec un financement de lâUniversiteÌ Paris LumieÌres
âAÌ la recherche des femmes immigreÌes dans les archives audiovisuelles: eÌtat des lieux, limites et perspectives pour la rechercheâ
11h45 – 12h15
SteÌphanie Bartolo, Responsable CineÌma et LitteÌrature, EÌtablissement public de la Porte doreÌe – MuseÌe national de lâhistoire de lâimmigration
âPreÌsences et absences des repreÌsentations des femmes migrantes dans les collections du MNHI (films, affiches)â
12h15 – 12h45
Liza Alster, Responsable de la CineÌmatheÌque ideÌale des banlieues du monde – Un retour dâexpeÌrience
APREÌS-MIDI
14h15 – 15h15
Femmes immigreÌes aÌ lâeÌcran : nouveaux meÌdiums, nouvelles approches, nouvelles visions
PreÌsidence : Simona Tersigni
14h15 – 14h45
Sibil Çekmen, Post-doctorante accueillie au sein de lâUniversiteÌ Paris 8 (ESTCA), de l’UniversiteÌ Paris Nanterre (Sophiapol) et du MuseÌe national de lâhistoire de lâimmigration, avec un financement de lâUniversiteÌ Paris LumieÌres
âLe pouvoir du regard feÌminin : la subjectiviteÌ des femmes immigreÌes dans les courts-meÌtrages français contemporainsâ
14h45 – 15h15
Anthony Blanc, Doctorant aÌ lâInstitut de recherche sur le cineÌma et lâaudiovisuel (IRCAV)
âAuto-repreÌsentations filmiques de femmes en migration : mettre en lumieÌre des perspectives peu visibles dans les meÌdias europeÌensâ
15h15 – 15h45
Ana Carolina de Moura Delfim Maciel, Professeure, UniversiteÌ dâEÌtat de Campinas (UNICAMP/BreÌsil), fellow internationale de lâInstitut Convergence Migrations
âReÌcits audiovisuels de deÌplacements forceÌs : qui filme, qui raconte, qui regarde ?â
PreÌsentation par Pascale Laborier, Professeure aÌ lâUniversiteÌ Paris Nanterre
15h45 – 16h15 DeÌbat et eÌchanges
16h15 – 16h45
CONCLUSIONS
Julien Bernard, MaiÌtre de confeÌrences HDR, UniversiteÌ Paris Nanterre – Sophiapol
Simona Tersigni, MaiÌtresse de confeÌrences, UniversiteÌ Paris Nanterre – Sophiapol, Chercheuse en reÌsidence MNHI/UMR ISP, fellow de lâInstitut Convergence Migrations
16h30 | Salle A608
Les archives de la dictature brĂ©silienne contre les peuples autochtones : le travail de lâArmazĂ©m MemĂłria
Rencontre avec Ana Catarina Zema (par visioconfĂ©rence), chercheuse senior au Centre de RĂ©fĂ©rence Virtuel autochtone de lâArmazĂ©m MemĂłria, post-docteure en Science Politique Ă lâUniversitĂ© Laval (Canada) et au Centre de DĂ©veloppement Durable de lâUniversitĂ© de Brasilia.
Cette sĂ©ance rendra hommage au travail de Marcelo Zelic (1963 – 2023) pour la mĂ©moire des crimes de la dictature au BrĂ©sil.
18h30 | Salle de projection
Projection de Grin, Roney Freitas, Isael Maxakali, 2016, BrĂ©sil, 40â
Un cinéaste Maxakali retrouve les souvenirs de la formation de la Garde Rurale IndigÚne durant la Dictature Militaire, avec les récits des violences subies par sa famille.
19h15 – 21h | Ouverture
Projection de Pastor ClĂĄudio, Beth Formaggini, 2018, BrĂ©sil, 75â
Le film part Ă la rencontre dâun des bourreaux de la dictature. En cette pĂ©riode Ă nouveau sombre, oĂč des dĂ©putĂ©s rendent hommage Ă des tortionnaires, oĂč la police assassine et oĂč les droits humains fondamentaux sont attaquĂ©s, il est plus que jamais urgent de regarder le passĂ© et dâen tirer des leçons.
En partenariat avec lâassociation Autres BrĂ©sils.