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« Navigators » de Noah Teichner au Cinéma du réel

Le long-métrage Navigators de Noah Teichner, qui a très récemment soutenu sa thèse en études cinématographiques à Paris 8, sera présenté en avant-première mondiale, et en 35mm, au festival Cinéma du réel (11-20 mars). La première projection se tiendra le 11 mars à 16h50 au Centre Pompidou et la deuxième le 15 mars à 21h au Forum des Images. Toutes les infos ici : https://www.cinemadureel.org/films/navigators-2/

 

Synopsis : Décembre 1919. Le gouvernement des États-Unis expulse 249 anarchistes et révolutionnaires sur « l’Arche soviétique ». Quelques années plus tard, ce même paquebot devient le décor de “La Croisière du Navigator”, une comédie burlesque de Buster Keaton.

En 1924, le Buford ne se louait pas cher, grand bateau sans usage. Buster Keaton s’en est servi de décor spacieux pour son film La Croisière du Navigator. Mais voilà, sans le savoir, en filmant le bâtiment, Keaton a archivé les lieux d’une autre histoire de traversée. C’est que quelques années plus tôt, le Buford a servi à l’exil forcé de 249 opposants politiques au gouvernement des États-Unis. Un bateau, d’abord sans destination précise, et un océan pour bannir quelques militants. Les faire devenir des ombres, alors qu’ils semblaient en faire trop. Noah Teichner explore ce court-circuit et les images de Keaton deviennent des archives précieuses et précises du bateau pour documenter et illustrer la traversée. Keaton avance d’un côté de l’écran et, de l’autre, l’exil s’écrit. Le périple à bord du Buford est déroulé à l’aide des quelques témoignages existants, notamment les poignants écrits des militants anarchistes Emma Goldman et Alexandre Berkman, retenus à bord. Le dialogue se noue et on accepte le lien improbable entre les histoires qui prend sens. Noah Teichner explore ce court-circuit et l’alimente par un travail de collecte rigoureux. Le cinéaste associe archives, films de l’époque, journaux de bord et regroupe les traces pour revêtir l’histoire de ses images manquantes. Se débarrasser d’indésirables, de leurs histoires et de leurs idées par des exils forcés, voilà qui traverse les océans mais aussi les temps et résonne avec les histoires d’aujourd’hui. Des tempêtes intérieures des passagers à l’affirmation de leurs idées inébranlables en passant par la désillusion de la Russie soviétique qui attend finalement les exilés, le film infiltre des histoires de disparitions et vient combler les vides au son battant du drapeau noir.

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