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L’Image-mouvement et L’Image-temps de Gilles Deleuze : usages contemporains d’une pensée du cinéma

Colloque international. 5, 6 et 7 novembre 2025

Appel à communication jusqu’au 15 mars 2024

L’automne 2025 marquera les quarante ans de la parution du second tome du diptyque de Gilles Deleuze sur le cinéma, L’Image-temps. Ce sera l’occasion, pour clore l’année du centenaire de sa naissance, de célébrer le philosophe et son importance pour la pensée du septième art en nous intéressant collectivement aux usages présents de L’Image-mouvement et de L’Image-temps dans les études cinématographiques. Seront ainsi attendues des propositions de communication portant sur des reprises ou variations des éléments de la pensée deleuzienne du cinéma : les divers signes visuels et sonores de la classification proposée par le philosophe, les différents régimes d’images, les concepts suscités par les formes filmiques elles-mêmes (« voyants », « espaces quelconques », « clichés », « puissances du faux »…), l’éthique appelée de ses vœux par Deleuze dans le passage d’un volet à l’autre de son essai, la politique des images qui s’affirme dans L’Image-temps, etc.

En ce sens, il s’agira moins d’explorer la genèse de cet essai mondialement traduit et sur lequel d’importants commentaires existent déjà, que d’en étudier les usages au regard de la variété des thématiques qui en constituent l’actualité pour nous qui le lisons aujourd’hui : l’écriture de l’histoire par les films, les rapports tourmentés entre cinéma et politique, les relations contrariées entre les formes filmiques et d’autres régimes d’images en mouvement (télévision, jeu vidéo, réseaux sociaux…), mais encore les liens en devenir entre montage et narration, les conditions de production des films dans un environnement de plus en plus contraint financièrement, l’évolution de la gestuelle des actrices et acteurs à l’ère des nouvelles images. Autant de perspectives de recherche qui ont trait aussi bien à la théorie qu’à la pratique du cinéma, que ce colloque aimerait investir à la lumière d’un état de la production cinématographique que la pensée de Deleuze nous permet de cartographier de façon à la fois distanciée (suivant un point de vue critique) et immanente (en s’immergeant dans la matière des films).

Nous invitons donc les futur.e.s contributeur.rice.s à ne pas considérer leurs réemplois, reprises ou prolongements de la théorie deleuzienne en les concevant comme clos sur celle-ci, enfermés dans le seul commentaire du diptyque deleuzien. Il s’agit davantage de les projeter en direction de domaines ou terrains d’investigations filmiques propres à chacun.e, possiblement étrangers au philosophe, tout en s’efforçant de les brancher sur un dehors contemporain, le nôtre, qui laisse entrevoir les usages au présent d’une pensée du cinéma en devenir. De tels usages ne sauraient ainsi se limiter à la seule exégèse conceptuelle et pourront également relever d’une création cinématographique et audiovisuelle dont les dialogues avec la pensée deleuzienne des images seront les bienvenus.

Les transformations technologiques que l’image en mouvement a connues depuis quarante ans invitent à renouveler, voire à remodeler, les concepts des Cinémas pour les rendre opérants dans les configurations actuelles de profusion de nouveaux types d’images et de supports. « L’art du contrôle » que Deleuze évoque en 1986 dans sa « Lettre à Serge Daney » – qui suppose un double rapport d’immersion et de déconstruction des flux d’images – est plus que jamais d’actualité. Cela sans oublier combien la condition « spectatorielle » décrite par Deleuze via son « métacinéma » inspiré de Bergson, où nous sommes toutes et tous une image parmi une infinité d’autres qui nous traversent en tous sens, peut nous permettre de saisir les coordonnées de nos environnements médiatiques actuels. Nous sommes en ceux-ci exponentiellement assaillis d’images, lesquelles relèvent bien souvent de forces sociales, politiques ou industrielles, profondément assujettissantes, et dont la génération peut même désormais se passer de l’action humaine avec le développement des intelligences artificielles.

Dans les « chaînes d’images » que nous formons volontairement ou non – pour reprendre une expression du film d’Anne-Marie Miéville et Jean-Luc Godard, Ici et ailleurs, si important pour Deleuze –, se logent de plus en plus insidieusement des « mots d’ordre » influençant nos manières de voir et de penser, d’agir et de parler, en les appauvrissant à l’extrême. Comment sortir des seuls « clichés » qui nous sont imposés et nous somment de supporter même ce qu’il y a de plus « intolérable » ? Comment échapper à ces « schèmes sensori-moteurs » qui occultent l’injustice, la violence et la mort, lesquelles devraient pourtant nous bouleverser, ou du moins nous sortir de l’indifférence ? Tel sera l’un des enjeux, et non
des moindres, d’une condition médiatique à laquelle il nous appartient de faire face, à partir de la pensée du cinéma de Deleuze et à travers les territoires filmiques de chacun.e.

Comité d’organisation :
Jacopo Bodini (Université Lyon 3), Stanislas de Courville (Université Paris 8), Cécile Sorin
(Université Paris 8) et Dork Zabunyan (Université Paris 8)

Comité scientifique :
Nico Baumbach (Columbia, New York), Christa Blümlinger (Paris 8), Roberto De Gaetano
(Université La Sapienza, Rome), Judith Michalet (Paris 1), Caroline San Martin (Paris 1),
Guillaume Sibertin-Blanc (Paris 8)

Les propositions de communication sous la forme de résumés (4000 signes maximum) rédigés en français ou en anglais devront être soumises à l’adresse colloquedeleuze2025@gmail.com d’ici le 15 mars 2025 et être accompagnées de brèves biobibliographies du ou des auteur.rice.s. Après évaluation par le comité scientifique, les réponses aux propositions seront données à partir du 20 avril 2025.

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