D’après le cinéma

La thématique « D’après le cinéma » a un double objectif, que la polysémie de la préposition « d’après » esquisse à sa manière. D’une part, il s’agit de réaffirmer une santé du cinéma au regard d’autres régimes d’images en mouvement qui s’en distinguent (télévision, jeu vidéo, médias sociaux, etc.). Ces images plus ou moins nouvelles ne placent pas le cinéma en état de siège – comme s’il était une forteresse assaillie au milieu de signes visuels ennemis –, dans la mesure où le septième art se caractérise plutôt, et positivement, par sa capacité à accueillir, à reprendre ou encore à réagencer ces images autres. Le cinéma, certes, vient après : après les flux en tout genre qui constituent notre environnement de perception quotidien. Toutefois, cette position de réappropriation en fait une balise plus que nécessaire pour tenter de s’orienter dans ce trop-plein d’images. Le cinéma se situe dans l’après coup de ces flux, et il peut même donner l’impression, dans sa production courante, d’y participer à sa façon. Sans lui, cependant, s’affirmerait davantage encore l’indistinction provoquée par ces flots d’images dont nous sommes quasiment repus.
« D’après le cinéma » ne suppose donc pas l’entrée dans l’ère d’un prétendu post-cinéma, puisqu’il souhaiterait au contraire mettre en lumière une actualité du cinéma comme de la pensée que nous pouvons en avoir, de la théorie que nous pouvons en faire. L’expression aimerait parallèlement remettre en avant une mémoire des films sans laquelle notre rapport aux images, notamment pour comprendre notre histoire contemporaine, resterait vide ou lacunaire. Il s’agit en effet de réaffirmer la nécessité de partir du cinéma et de son histoire pour explorer en retour les enjeux d’images qui parcourent notre époque (comme les images de propagande, celles des violences policières, des luttes sociales, du désastre climatique en cours, etc.). Ce mouvement de va-et-vient entre la ligne mouvante de notre présent et le matériau visuel et sonore du passé vaut également pour l’examen des techniques cinématographiques, dans un télescopage toujours fécond entre les usages du numérique aujourd’hui et ceux de l’argentique, voire de l’électronique appartenant à une période encore récente.
Plus de détails à venir.