- Catégories
-
Mots-clés
Abel Gance Adaptation Alice Diop AndrĂ© Bazin annĂ©es 1930 annĂ©es 1990 annĂ©es 20 anthropologie visuelle archives Art vidĂ©o ArTec autofiction avant-premiĂšre Avi Mograbi big data Censure CGU CinĂ©-danse CinĂ©ma cinĂ©ma amĂ©ricain cinĂ©ma brĂ©silien cinĂ©ma chilien cinĂ©ma de propagande cinema demenziale CinĂ©ma des premiers temps cinĂ©ma documentaire CinĂ©ma et enfance CinĂ©ma expĂ©rimental cinĂ©ma français cinĂ©ma hongrois cinĂ©ma italien cinĂ©ma latino-amĂ©ricain cinĂ©ma libanais cinĂ©ma muet cinĂ©ma muet italien cinĂ©ma numĂ©rique cinĂ©ma palestinien CinĂ©ma Paris 8 CinĂ©ma poĂ©tique cinĂ©ma polonais cinĂ©ma russe Cinquantenaire Paris 8 Claudine Eizykman cluster93 comĂ©die ComĂ©die amĂ©ricaine communautĂ© Cooperativa Cinema independente Roma corps Corps et technologie Critique danse Design desktop films Distraction Donald Trump Ă©conomie du cinĂ©ma Ătudes de genre Film musical Gender Studies genre Geste gif Gilles Deleuze Godard Haroun Farocki Histoire histoire culturelle du cinĂ©ma histoire de la critique histoire et historicitĂ© Hollywood Film Musical hybridation Jazz politics jouet optique L'Aveu filmĂ© Lav Diaz Les Amants rĂ©guliers Mais 68 Mass culture master mĂ©lodrame MĂ©moire du cinĂ©ma mĂ©tiers du cinĂ©ma Novellisation Pasolini patrimoine cinĂ©matographique performance Philippe Garrel Politiques de la distraction public rĂ©alisation recherche-crĂ©ation RĂ©cit Rencontres Edesta rĂ©seaux sociaux rhĂ©torique Ridley Scott Rohmer scĂ©nariste Sciences sociales sĂ©ance Sergei Loznitsa sĂ©ries Siegfried Kracauer susan sontag Technology and the body The Production Code Administration théùtre théùtres de la mĂ©moire Truffaut vidĂ©o visual studies Walter Benjamin Werner Herzog

Marc Cerisuelo : Chiasme chez Godard
Séminaire interuniversitaire sur la critique
« Il ne faut pas vivre pour manger mais manger pour vivre ». Quâil le respecte ou non, chacun connaĂźt lâadage et mĂȘme la figure de style qui renverse (ou remet Ă lâendroit) les liens de causalitĂ© dans un Ă©noncĂ© : il sâagit du chiasme, ou rĂ©version, ou encore antimĂ©taboleâŠJean-Luc Godard en usa et (peut-ĂȘtre) en abusa dans le dialogue de ses films, dans ses cartons ou incrustations, voire dans lâagencement de ses plans ; mais surtout et avant tout dans ses textes critiques. Figure de la rĂ©invention et de la contradiction, du retournement et de la « remise en place », le chiasme se rĂ©vĂšle un instrument opĂ©ratoire, un outil de la pensĂ©e en acte, une arme de la critique â la fondation du godardisme.
Je voudrais donner Ă lire certaines de ces saillies dâauteur, intĂ©ressantes pour et par elles-mĂȘmes, mais aussi en les contextualisant. En « interne », comme on peut sây attendre, câest-Ă -dire en rĂ©fĂ©rence Ă lâĂ©poque, aux revues (les Cahiers du cinĂ©ma et Arts) et au sein mĂȘme du discours critique, « mondain » ou « professionnel » ; mais aussi, et dâailleurs en premier lieu, Ă lâintĂ©rieur de lâhistoire de la figure, en rhĂ©torique comme en philosophie â car la chiasme vient de loin et frappe toujours juste. Il appelle dâailleurs Ă la modestie : ce ne sera pas une confĂ©rence juste, mais juste une confĂ©rence.
Marc Cerisuelo est professeur Ă lâuniversitĂ© Paris-Est Marne-la-VallĂ©e.

Séminaire interuniversitaire sur la critique

Séminaire Inter-universitaire sur la critique
Eric Rohmerâs Film Theory (1948-1953)
Conférence de Marco Grosoli (Habib Université)
Eric Rohmerâs Film Theory (1948-1953) : from âĂ©cole SchĂ©rerâ to âPolitique des auteursâ, qui vient dâĂȘtre publiĂ© par Amsterdam University Press, est le premier de deux livres consacrĂ©s Ă une relecture radicale de la politique des auteurs, sâappuyant sur des centaines de textes (gĂ©nĂ©ralement pas trĂšs lus) Ă©crits par les « jeunes turcs » principalement sur les Cahiers et sur Arts. Il se concentre notamment sur sa toute premiĂšre phase, quand le groupe se forma autour dâEric Rohmer, dont la conception du cinĂ©ma venait justement de se cristalliser (selon lâavis de Rohmer lui-mĂȘme) vers 1950 tout en exerçant une influence capitale sur les autres jeunes critiques.
Cette confĂ©rence prĂ©sentera le livre en abordant un de ses aspects en particulier, Ă savoir le rejet, de la part de Rohmer, de lâexistentialisme sartrien qui lâavait marquĂ© au dĂ©but, pour adopter une perspective (surtout) kantienne. Câest autour de ce rejet que se formera lâ« Ă©cole SchĂ©rer » (comme la baptisa Pierre Kast), dont les premiers pas seront dĂ©crits pendant la confĂ©rence tout en traçant le contour de ce « big bang » Ă lâorigine de lâ« Ă©cole SchĂ©rer » (et ensuite de la politique des auteurs elle-mĂȘme) quâon peut aussi appeler, de façon quelque peu Ă©nigmatique mais au demeurant trĂšs convenable, « lâachĂšvement de la camĂ©ra-stylo ».
![]() |
Esthétique et politique du passage de la période de la Stagnation à la Perestroïka en URSS : compte à reboursavec Olga Kobryn (Paris 3, Université de Lorraine Metz), Eugenie Zvonkine (Paris 8) / discussion avec Birgit Beumers (Aberystwyth University) |
SĂ©ance dans le cadre du sĂ©minaire de recherche en histoire et esthĂ©tique du cinĂ©ma « RĂ©gimes dâhistoricitĂ© dans le cinĂ©ma des annĂ©es 1960 Ă nos jours : crises de temps, traces, (re)construction ».
Assa (1987) est un film rĂ©alisĂ© par SergueĂŻ Soloviov peu de temps avant la chute du mur de Berlin (1989) et la dislocation de lâURSS (1991), en pleine pĂ©riode politique de la PerestroĂŻka et au tout dĂ©but de la glastnost. Devenu culte, ce vĂ©ritable manifeste politique et esthĂ©tique rĂ©unit pour la premiĂšre fois sur grand Ă©cran et rend « visibles » lâensemble des artistes de la culture « underground », principalement issus du milieu bohĂ©mien saint- pĂ©tersbourgeois et moscovite (milieu Rock, conceptualisme de Moscou, mouvement AptArt – « apartment art », cinĂ©ma expĂ©rimental). Si le film se construit sur des Ă©lĂ©ments documentaires et historiques, un grand nombre dâanachronismes (Ă©vocation de lâhistoire de la Russie du dĂ©but du XIXĂšme siĂšcle, rĂ©fĂ©rences au cinĂ©ma expĂ©rimental des annĂ©es 1950 â 1960, prĂ©sence des Ă©lĂ©ments historiquement postĂ©rieurs Ă lâaction du film qui se dĂ©roule en 1980) complexifient le rapport Ă lâHistoire et soulĂšvent la question de la stratification et de la « crise de temps » dĂ©finie comme tension et distance entre le champ dâexpĂ©rience et lâhorizon dâattente (Hartog). Loin de reprĂ©senter un simple symptĂŽme de lâ« Ă©poque des changements », Assa participe Ă la réécriture du rĂ©gime historique dominant et Ă la construction dâun nouveau rĂ©gime dâhistoricitĂ©.
Leto de Kirill Serebrennikov, qui sort le 5 dĂ©cembre en France, dialogue Ă son tour avec Assa et dâautres films des annĂ©es 1980 dans un rapport intertextuel serrĂ© et inventif et sâĂ©loigne du biopic, proposant Ă son tour un nouveau rĂ©gime dâhistoricitĂ©.

LES ĂTATS DU CINĂMA, SĂMINAIRE DOCTORAL
Dirigé par Dominique Willoughby
« Approches du mouvement dans les films de Marie Menken : entre caméra somatique et cinéma poétique », par Bårbara Janicas (doctorante ESTCA, Paris 8) et Stéphanie Herfeld (chercheuse, Paris-Ouest-Nanterre).
Dans les films que Marie Menken rĂ©alisa camĂ©ra Ă bout de bras, en investissant son regard et son corps dans une exploration jouissive du monde, nous avons affaire Ă des images abstraites qui, par leur caractĂšre de mobilitĂ© et spontanĂ©itĂ©, crĂ©ent des vĂ©ritables poĂšmes visuels et rythmiques suscitant des expĂ©riences du mouvement proches de la danse. En privilĂ©giant la dimension somatique et matĂ©rielle du travail de Menken, cette sĂ©ance propose dâaborder ses films comme le domaine dâexpĂ©rimentation dâun autre cinĂ©ma poĂ©tique au sein de lâavant-garde amĂ©ricaine, anticipant Ă©galement certaines pratiques de la cinĂ©-danse qui Ă©mergea en tant que genre filmique entre les annĂ©es 1940 et 1970.
Intervention de BĂĄrbara Janicas : Cette communication propose dâaborder le cinĂ©ma de Marie Menken, souvent rapprochĂ© de la peinture et parfois aussi de la danse, comme le domaine dâaffirmation dâun autre cinĂ©ma poĂ©tique « matĂ©rialiste » au sein de lâavant-garde amĂ©ricaine des annĂ©es 1940-1970. En privilĂ©giant la dimension expĂ©rientielle et matĂ©rielle de son travail avec le support filmique, nous allons montrer que la poĂ©sie des films de Menken tient moins au modĂšle lyrique cĂ©lĂ©brĂ© Ă lâĂ©poque par Maya Deren, quâĂ lâidĂ©e du « cinĂ©-poĂšme » vĂ©hiculĂ©e par les avant-gardes des annĂ©es 1920. En nous appuyant sur les tĂ©moignages de Stan Brakhage et Jonas Mekas, qui furent les premiers Ă louer la capacitĂ© de Menken Ă traduire la rĂ©alitĂ© filmĂ©e en « poĂ©sie dâimages vibrantes de mouvement », nous allons essayer de montrer comment sa pratique filmique expĂ©rimentale invite Ă lâexpĂ©rience somatique dâune forme dâexpression poĂ©tique des objets, de la lumiĂšre, et du corps-mobile invisible derriĂšre lâappareil.